L’Aquilifer est le porteur de l’aigle (Aquila en latin, et, « ferro » signifiant porter). C’est un Signifer de grade supérieur, (« Signum » l’emblème, et « ferro » le porteur). A partir des réformes de Caius Marius, il n’ en est plus qu’un seul par légion.
A l’origine, les quatre premières légions étaient dites soit urbaines, car les légionnaires qui les composaient venaient de la ville de Rome. Soit aussi Consulaires car ce sont ces légions qui accompagnaient les consuls à la guerre. Ces légions avaient pour emblème la louve, le taureau, le cheval, et le sanglier ainsi que l’aigle nous dit Pline l’ancien. Nous ne savons pas comment à cette époque ces enseignes étaient utilisées, mais il ne parait pas improbable de penser que l’aigle était à cette époque le symbole utilisé pour une armée qui accompagnait le consul en campagne. Pline nous dit en effet que l’aigle les précédait tous. Une armée était alors composée de 2 légions. La première et la troisième étaient attribuées au premier Consul, alors que la seconde et la quatrième l’étaient au second Consul.
C’est Caius Marius qui, lors de son second consulat, fit de l’aigle d’argent l’enseigne principale de chaque légion. D’après Pline, les autres enseignes étaient bien souvent laissées au camp depuis quelque temps déjà, car les soldats leur préféraient l’aigle. Marius, que sa propre légende rattache au mythe de l’aigle, a du trouver opportun d’attribuer ce symbole de puissance divine aux nouvelles légions de métier qu’il était en train de mettre en place.
Les plus anciennes représentations d’aigle sous la République le représentent fréquemment avec une proie dans ses serres, et il est fort probable que les aigles utilisés avant la réforme soient de ce type. Une pièce de la République tardive montre également un aigle tenant un serpent dans ses serres. Il est donc vraisemblable que cette manière de représenter l’Aquila ait perduré quelques temps.
Comme aucun Aquila n’a été retrouvé en fouille, il nous a fallu compiler toutes les sources possibles avant de le reconstruire. Les représentations lui donnent à peu près la taille d’un corbeau. Ce qui laisse à penser qu’il devait être sculpté dans le bois et recouvert de tôle d’argent. Une expérience réalisée avec une aigle en bronze moulé nous prouve qu’un emblème de cette taille devait être trop lourd pour être porté par l’Aquilifer. Nous avons également choisi de représenter cet aigle partiellement doré, comme il était de tradition de le faire chez les Romains sur les pièces d’orfèvrerie précieuse, en argent notamment, mais aussi sur nombre d’équipements militaires. Nous avons choisi de le représenter traditionnellement sur sa foudre d’où jaillissent des éclairs, symbole de Jupiter et de l’état d’esprit de Marius.
Le support provient, lui, de pièces républicaines de cette époque, montrant soit six petites boules soit six petites griffes. Le manche enfin est peint de deux tons de Violet, la couleur attribuée à Jupiter. Le motif en ruban qui l’orne est typique des périodes républicaines et ne redeviendra populaire que bien plus tard, dans l’antiquité tardive.
L’Aquilifer est juste en dessous du centurion dans la hiérarchie. C’est un poste honorifique attribué généralement à un vétéran d’élite, à la mentalité et au courage irréprochables, et qui doit savoir montrer l’exemple à tous.