Notre bouclier essaye de reproduire le plus fidèlement possible l’exemplaire trouvé en Egypte.
Avant d’aller plus loin, il convient de préciser ici les options possibles et le choix qui est le nôtre.
Ce modèle est recouvert de feutre de laine de mouton et comporte 2 coutures espacées sur son pourtour. Si au départ cela peut sembler un peu étrange, lorsque l’on refait le travail à l’identique et que l’on replie le tissus de feutre, c’est jusqu'à 3 épaisseurs qui viennent renforcer le bord.
J’en ai donc déduit que lorsque la lapidaire nous montre ces deux coutures, on peut en déduire que les boucliers sont recouverts de feutre. Lorsqu’au contraire on ne distingue qu’une seule couture plus près du bord, il y a de fortes chances pour que le bouclier, comme décrit par Polybe, soit recouvert de cuir.
Quel peut être l’intérêt de recouvrir un bouclier de feutre qui, en soi, n’a pas des propriété exceptionnelle contre la pénétration d’objets pointus?
A force de recherches, de lectures et de petites expériences, j’ai acquis la conviction que le feutre n’étais là que dans le but de servir de support à une autre matière beaucoup plus dure.
Si l’on enduit ce feutre de colle d’os, largement utilisée dans l’antiquité, ce feutre devient quasiment aussi dur que du cuir cru.
Utilisé seule, la colle d’os est malheureusement cassante. Il faut donc lui mélanger une petite quantité de colle de poisson pour lui rendre quelque souplesse.
Tout cela va fonctionner comme de la fibre de verre et de la résine, et devenir très résistant. Le problème qui se pose alors est d’une double nature:
Premièrement au-delà de 55 degrés il y a un risque de voir la colle se ramollir, voire de se liquéfier si la température augmente. Ceci implique que l’on ne peut stocker les boucliers dans des endroits où la chaleur pourrait devenir torride.
Deuxièmement, et c’est là le plus gênant, cette colle est beaucoup plus sensible à l’humidité qu’une peau de cuir cru.
Ceci pourrait expliquer pourquoi ce type de bouclier serait mieux adapté à certains théâtres d’opérations et à certains types d’adversaires, qui vont privilégier le combat à la lance plutôt qu’à l’épée.
Le type décrit par Polybe, lui, serait mieux adapté à un climat de type Européen continental, résistant mieux à l’humidité (bien que l’on soit tout de même obligé de le protéger par une housse de cuir supplémentaire en cas de pluie continue).
De plus, bordé de métal, il est mieux adapté à des adversaires qui, comme les celtes, se battent à l’épée et au corps à corps.
Il existe également différents types de protections métalliques d’umbo de différentes formes, que nous analyserons plus tard, le jour ou nous tenterons de reconstituer ce type de bouclier.
Les couleurs proviennent d’un vieil ouvrage anglais qui reproduisait, entre autre choses, des fresques de Pompéi aujourd’hui malheureusement effacées par le temps. Sur deux de ces fresques il y avait un total de 3 scutum républicains. L’intérieur était bleu foncé, et le fond extérieur crème, avec des dessins géométriques rouges d'inspiration florales.
J'ai retrouvé à ce jour pas moins de cinq évidences différentes de boucliers républicains et bizarrement tous sont blanc ou crème sur la face extérieure.
Pour les motifs, je me suis inspiré de la lapidaire, comme le montrent les photos ci après.
Il faut savoir qu’il est impossible, dans l’état de nos connaissances actuelles, d’affirmer quoi que ce soit sur la peinture des boucliers de notre époque. Il existe cependant suffisamment d’indices pour pouvoir proposer une reconstitution sinon exacte du moins éclairée.
La conjonction des textes, de la lapidaire et de la peinture antique, nous a donc guidé dans notre choix.
Pour notre reconstruction les couleurs utilisées sont des peintures a base de pigments et liées à la caséine, qui reproduisent, selon nous, le plus fidèlement possible les caractéristiques de la peinture antique.