Les vêtements militaires
Le tissage
Chez les Romains, c’est la taille du métier à tisser qui va déterminer la taille du vêtement. De plus, et contrairement à d’autres peuples, les Romains n’aiment pas le gaspillage, et préfèrent tisser juste la bonne longueur, plutôt que de tisser de grandes pièces qu’ils devraient ensuite découper (A.T. Croom).
Le tissage se fait donc généralement à la longueur désirée et le tissu n’a plus qu’à être cousu aux extrémités en laissant un trou pour la tête et pour les bras. Plus tard, sous l’empire notamment, des manches courtes seront tissées avec le reste de la tunique d’un seul tenant, ce qui donnera un tissu en forme de croix ; dans ce cas la couture débutera directement sous les manches.
Il convient enfin de donner un dernier détail sur le tissage qui sans trop rentrer dans les détails car ce n’est pas ici notre sujet, y trouve néanmoins sa place. Dans certains cas les Romains utilisaient des métiers à tisser, où des poids pendaient au bas des fils verticaux de la trame pour les maintenir tendus. A la fin du tissage, ces fils étaient parfois laissés comme des franges décoratives plus ou moins longues.
Les tissus
La laine est sans conteste le tissu dominant de toute l’époque Romaine. La femme Romaine traditionnelle est très souvent représentée filant de la laine à l’aide d’un fusaïole, et il était de tradition dans les bonnes familles, même aristocratiques, que les maîtresses de maison s’occupent des travaux de la laine.
La qualité du produit utilisé variait évidemment selon les moyens et les saisons. Elles étaient toutes tissées, mais pouvaient avoir différentes trames, de la plus fine à la plus épaisse.
Martial, par exemple, décrit des tuniques de Padoue fabriquées avec une triple trame que seule une scie pouvait couper. Mais sans aller jusque là, des tuniques plus épaisses et tissées un peu à la manière du tweed anglais existaient pour les saisons fraiches.
A l’opposé, une laine très fine permettait l’obtention de tissus d’une grande finesse, qui, outre leur légèreté, permettait d’obtenir ces superbes plissés tant prisés par les romains, que nous témoigne encore à ce jour leur lapidaire. Ces tissus étaient en tout cas largement utilisés à Rome, tant par les femmes que par les hommes. La laine était parfois si fine qu’elle en devenait transparente. Mais les nombreux plis harmonieux quelle génère lui procurent un tombé incomparable. Cette laine se supporte d’ailleurs parfaitement en été, et pourrait servir à des tuniques de parade ou même de dîner comme décrit par certains auteurs antiques.
Il faut ici préciser qu’il était courant en Italie de superposer plusieurs tuniques les unes sur les autres pour se prémunir notamment du froid .
Car la laine est un isolant qui protège aussi bien du froid que du chaud, contrairement aux croyances populaires actuelles qui ne le conçoivent que contre le froid.
Le lin est aussi couramment utilisé par les Romains. Le lin est d’origine végétale, et est cultivé pour 3 utilisations : les fibres, la nourriture du bétail et son huile. D’une grande finesse et d’une grande pureté, il revient toutefois plus cher que la laine car son travail est plus laborieux.
Il sert couramment à fabriquer non seulement des tuniques pour les saisons chaudes, mais aussi la “tunica intima”, une sorte de sous tunique qui se portait sous la traditionnelle tunique en laine.
Il existe enfin de nombreuses autres fibres comme le chanvre, ou même pour les plus pauvres, des fibres plus grossières produites à partir d’écorces d’arbres qui serviront à vêtir les serviteurs de certains soldats.
Enfin les riches Romains ont également utilisé du coton et de la soie, tous deux importés d’Inde et de Chine. Ces tissus étaient tellement rares et chers, que seules de très riches familles aristocratiques pouvaient se les offrir.
Les couleurs
La couleur des tuniques portées par les légionnaires est encore aujourd’hui un débat sans fin. Ce qui est admis généralement de nos jours, c’est que trois couleurs sont attestées de façon certaine : Le rouge, le blanc et le bleu.
Le bleu était attribué aux troupes de marine (d’après Vegetius), mais il existe également une pierre tombale particulièrement bien conservée en Crète d’un marin, nommé Sabinianus qui porte du rouge.
Le rouge est attesté à la fois dans certains textes, mais aussi dans la peinture. Le rouge est la couleur du Dieu de la guerre, Mars, et chacun s’accorde a dire qu’il était une couleur relativement facile à composer. Et, de plus, bon marché par rapport aux autres. L’une des manières de se procurer cette couleur provient de la garance (rubia tinctorum), une plante qui pousse naturellement à l’état sauvage. Selon la teinture utilisée et le mordant employé pour la fixer sur le tissu, le rouge pouvait être plus ou moins foncé, et parfois même tirer sur le marron lorsque qu’un mordant a base d’oxyde de fer produisait de la rouille.
Le Blanc, enfin, qui est très employé par les romains. Ces tuniques blanches sont parfois agrémentées de 2 bandes de couleur verticales qui partent des cotés du col et qui s’arrêtent au bas du vêtement. Ces bandes colorées, typiquement romaines, sont tissées dans la trame. Elles se nomment « clavis ».
Il n’y a pas d’uniformité dans les tuniques chez les soldats, et chacun est libre de porter ce que bon lui semble. Toutefois il peut il y avoir des restrictions. Par exemple le noir est une couleur de deuil et de mauvais augure. Les tuniques foncées sont en général le lot des esclaves, et un homme libre d’une certaine condition sera probablement réticent à la porter.
Les bandes pourpres sont réservés à l’aristocratie, et les broderies de lauriers ou autres palmes ne sont autorisées que pour le général qui a triomphé, et après vote du sénat;
D'autres couleurs sont attribuées à d'autres tissus. Par exemple une peinture murale de chasseurs les dépeint habillés de vert. On trouve des représentations de peanulas (décrite dans un autre chapitre) de couleur camel ou brune. Des capes rouges mais aussi vertes à bordure jaune sur la fresque républicaine du chasseur.
Les couleurs foncées sur les vêtements de corps sont traditionnellement attribuées aux esclaves. Un citoyen libre et un soldat n'acceptera donc vraisemblablement pas d’endosser par exemple une tunique marron.
Certaines couleurs sont à bannir, car trop chères pour des soldats, et pas assez résistantes.
Enfin, il faut noter que les vêtements sont soit unis, soit comportent deux bandes parallèles verticales situés au niveau de l'ouverture du coup appellés clavis. Ces bandes sont typiquement Romaines et sont tissées dans la trame. Elles sont le plus souvent rouges ou noires. Une mosaique tardive en montre des bleues. Des fresque Etrusques en représentant de nombreuses laissent à penser que cette coutume proviendrait de ce peuple.
Des bandes généralement pourpres bordent également les tuniques des aristocrates. Elles sont fines pour les chevaliers et plus épaisses pour la classe sénatoriale (Augusticlaves).
Les autres broderies sont à proscrire chez les romains. Les feuilles de laurier brodées sont réservées aux seuls triomphateurs (toga palmata) et seul le sénat peut en accorder la permission.